#9 Pas tous les hommes

mais beaucoup d'hommes

Héraclès
4 min ⋅ 08/03/2023

C'est le 8 mars aujourd'hui, c'est un jour spécial pour moi.

C'est un jour pour dire que je suis désolé.

Je suis désolé parce que je suis dans une équipe (les hommes) et que, dans cette équipe, il y a des gars qui méprisent, harcèlent, tapent, violent et assassinent des femmes.

On n'est pas tous comme ça dans cette équipe, et vous le savez très bien.

Mais il y en a plein des comme ça. Ce sont des gars comme moi. Ce sont nos copains, nos frères, nos pères, nos collègues ... et ils sont désespérants.

Souvent, ils me foutent la honte.

Parfois, j'aimerais pouvoir dire que je ne suis pas dans leur équipe. Que c'est eux, c'est pas moi.

Mais ce n'est pas une équipe qu'on quitte comme ça. Ce n'est pas une équipe qu'on choisit. Et en plus, elle a ses avantages, on les connaît.

Parce que même si on ne fait pas partie de ceux qui méprisent, harcèlent, violent et tuent, on est quand même dans la même équipe, et on profite bien de l'espace qu'ils nous laissent avec leur violence à votre égard.

Alors aujourd'hui, je voudrais vous dire que je sais ce que vous subissez. Je ne le subis pas mais ce n'est pas très compliqué de se tenir au courant.

Et je voudrais vous dire comme je suis désolé, comme ça me frustre, comme ça me met en colère, comme ça me désespère.

Mais je voudrais aussi vous dire que je ne suis pas seul.
Pas seul du tout.
Je voudrais vous dire que des mecs comme moi, il y en a, et il y en a de plus en plus.
Eux aussi ils ont honte, eux aussi ils ressentent l'injustice, eux aussi ils ont envie que ça change.

Et, avec ces gars-là, on apprend. On apprend à comprendre le problème, on apprend à ne plus en faire partie et on apprend à faire partie de la solution.

Bref, on apprend à se sentir responsables.

Héraclès

Héraclès

Par Sébastien Garcin

Cinquantenaire, parisien, bien éduqué, dirigeant d’entreprise, marié, en bonne santé, issu d’une famille aimante et aisée : j’ai longtemps vécu avec le sentiment d’avoir une chance insolente. C’est vrai, mais ce n’est pas une chance, c’est un privilège : une pyramide de privilèges. J’en ai pris conscience progressivement ces dernières années, à la faveur de lectures, de rencontres et d’introspections. J’ai travaillé à comprendre ces privilèges et à comprendre comment, sans le savoir, instinctivement, je les protégeais. Et puis, #metoo est arrivé. Ce n'est pas cette vague qui m'a surpris, c'est le silence des hommes qui m'a déçu et leurs prises de paroles consternantes qui m'ont énervé parce que je me suis rendu compte à quel point ce sont les femmes qui se tapent tout le boulot pendant que nous les mecs, on les critique. Dans toutes les grands victoires du féminisme, les hommes ont été au mieux des spectateur passifs, au pire des adversaires très virulents. J'ai découvert que les hommes ont un rôle à prendre dans la révolution féministe, un rôle nouveau et inédit : le rôle d'allié. J'ai essuyé les plâtres et je peux le dire maintenant : ça marche. Depuis que j'ai endossé ce rôle, je sais de source sûre que je change les choses autour de moi. J'ai appris à ne plus faire partie du problème et j'ai la fierté de faire, à mon échelle, partie de la solution. Depuis, je milite pour promouvoir ce rôle d'allié. Je recrute des hommes pour qu'ils s'éduquent et pour qu'ils se déclarent ouvertement alliés des femmes dans la lutte pour une égalité réelle.