La galanterie, un truc de vieux à remettre au goût du jour ?
Pour un jeune homme bourgeois né à la fin des années 60, lecteur assidu d’Arsène Lupin, la galanterie était un attribut masculin trop cool.
À la fois un code de conduite bien pratique et un bon moyen d’impressionner et de rassurer les femmes.
J'ai grandi avec les principes de la galanterie. À la mort de mon grand-père, nous avons trouvé dans ses affaires un "Petit traité de galanterie moderne" signé par un certain Jean Rameau, par ailleurs auteur de littérature légère. Il y détaillait tous les codes : comment tenir son chapeau et ses gants, pourquoi plier le coin de sa carte de visite, combien de fleurs dans un bouquet (toujours un nombre impair si c'est inférieur à 10), et pourquoi il ne faut jamais offrir d'œillets. C'était un code de conduite profondément bourgeois conçu pour encadrer de nombreuses situations en présence des femmes :
Monter un escalier (se placer derrière pour parer à une éventuelle chute)
Descendre un escalier (se placer devant, pour les mêmes raisons)
Entrer dans un restaurant (en premier pour ne pas que les regards se portent sur la femme qui vous accompagne)
S'asseoir dans un restaurant (dos à la salle pour que la femme ait la vue sur la salle)
Déchirer son pain avec les doigts (ne jamais le couper avec son couteau, ce qui pourrait faire sauter des miettes dans les yeux)
Sortir d'un restaurant (en premier pour s'assurer qu'il n'y a pas de danger dans la rue)
Entrer dans un taxi (réserver à la femme la place qui n'est pas derrière le chauffeur)
Descendre d'un taxi (se hâter de contourner la voiture pour lui tenir la porte)
Marcher dans la rue (lui céder le haut du pavé pour la protéger des éventuelles éclaboussures du caniveau)
Toutes ces règles partaient du principe que les femmes étaient fragiles et que le rôle des hommes était de les protéger de la rudesse du monde.
Tous ces usages servaient à démontrer que l’homme qui les respectait n’était ni un rustre ni un prolétaire, et donc potentiellement un parti à considérer.
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