#1 Sexiste ou pas ?

Le piège du mal et du bien

Héraclès
4 min ⋅ 19/12/2022

La meilleure façon de permettre au sexisme de perdurer est de persister à croire qu’une personne sexiste est animée de mauvaises intentions. Nous avons facilement tendance à croire que si on est un mec bien, si on dit bonjour à la dame, si on est sympa, si on n’est pas violent, si on respecte les femmes alors on n’est pas sexiste.

On pense le sexisme comme un état binaire, on est sexiste (ce qui est mal) ou on n’est pas sexiste (ce qui est bien).

La réalité est plus complexe, il y a des hommes sexistes qui agissent de façon intentionnelle mais ils sont assez peu nombreux. Il y a une majorité d'hommes non sexistes qui agissent ou parlent de façon sexiste. C'est à dire que leur sexisme n'est pas intentionnel.

Il y a surtout un système généralisé, qui est sexiste, et auquel nous participons tous.

Cette binarité sexiste/pas sexiste est le malentendu qui nous conduit à être sur la défensive dès que nous sommes confrontés à un discours féministe.

Il m’a fallu du temps pour comprendre que, malgré mes bonnes intentions, malgré mon désir profond et sincère de ne pas être sexiste, j’étais quand même susceptible d’avoir des mots, des comportements ou des actes sexistes. Paradoxalement, cette découverte m’a apporté beaucoup de sérénité. En effet c’est difficile d’entendre “tu es sexiste”, c’est accusatoire, ça nous met dans le camp des méchants. C’est beaucoup plus simple d’accepter un “L’opinion que tu défends est sexiste” ou bien "Ce que tu viens de dire est sexiste", parce qu’il est possible de changer nos perspectives et d’apprendre de nos erreurs.

Parce que des erreurs on en fait plein, des conneries on en dit plein, des trucs évidents on ne les voit pas. On n'a pas l'habitude d'être en situation d'infériorité alors ça nous énerve et on n'écoute plus.

Il faut comprendre que nous les hommes sommes des ANALPHABETES en sexisme. On n'y connaît rien, on ne l'a jamais vécu.

Donc, quand une femme te dit "Ce que tu dis est sexiste", elle aura raison dans 99% des cas. C'est pas grave, c'est normal. Tu n'a jamais vécu le sexisme et elle, elle connaît ça depuis qu'elle est née, elle en parle avec d'autres femmes, elle a lu plein de trucs à ce sujet.

J’ai eu de nombreux débats sur les réseaux sociaux avec des femmes militantes avant de me rendre compte qu’elles avaient raison plus de 9 fois sur 10. Et aujourd’hui, quand une femme me signale que je dis un truc sexiste, j’ai appris à considèrer qu’elle a raison A PRIORI et je commence à essayer de comprendre en quoi c’est sexiste et pourquoi est-ce que je ne l’ai pas vu moi même.

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Héraclès

Héraclès

Par Sébastien Garcin

Cinquantenaire, parisien, bien éduqué, dirigeant d’entreprise, marié, en bonne santé, issu d’une famille aimante et aisée : j’ai longtemps vécu avec le sentiment d’avoir une chance insolente. C’est vrai, mais ce n’est pas une chance, c’est un privilège : une pyramide de privilèges. J’en ai pris conscience progressivement ces dernières années, à la faveur de lectures, de rencontres et d’introspections. J’ai travaillé à comprendre ces privilèges et à comprendre comment, sans le savoir, instinctivement, je les protégeais. Et puis, #metoo est arrivé. Ce n'est pas cette vague qui m'a surpris, c'est le silence des hommes qui m'a déçu et leurs prises de paroles consternantes qui m'ont énervé parce que je me suis rendu compte à quel point ce sont les femmes qui se tapent tout le boulot pendant que nous les mecs, on les critique. Dans toutes les grands victoires du féminisme, les hommes ont été au mieux des spectateur passifs, au pire des adversaires très virulents. J'ai découvert que les hommes ont un rôle à prendre dans la révolution féministe, un rôle nouveau et inédit : le rôle d'allié. J'ai essuyé les plâtres et je peux le dire maintenant : ça marche. Depuis que j'ai endossé ce rôle, je sais de source sûre que je change les choses autour de moi. J'ai appris à ne plus faire partie du problème et j'ai la fierté de faire, à mon échelle, partie de la solution. Depuis, je milite pour promouvoir ce rôle d'allié. Je recrute des hommes pour qu'ils s'éduquent et pour qu'ils se déclarent ouvertement alliés des femmes dans la lutte pour une égalité réelle.